Vulnérabilité des producteur·rices : l’impact économique sur les familles paysannes de la dégradation environnementale

7 novembre 2025
4 min

Les familles paysannes interrogées dans le cadre du programme Equité nous partage l’impact économique sur leur production agricole de la dégradation environnementale affectant directement leurs conditions pour vivre dans des conditions dignes.

Le programme Equité a réalisé début 2025 un diagnostic genre et inclusion sociale mené par Empow’her et en collaboration avec les coopératives du programme. Dans les filières étudiées (cacao et fruits) en Côte d’Ivoire et au Ghana, les producteur·rices de cacao et de noix de coco dénoncent unanimement des revenus insuffisants pour vivre dignement. Lors de l’enquête qui a été réalisée auprès de 507 femmes productrices et femmes de producteurs de cacao, il a été constaté que la grande récolte rapporte en moyenne 30 euros par mois et par membre de foyer en Côte d’Ivoire et 20 euros au Ghana, soit environ 1 euro par jour.

Ainsi, un producteur ghanéen disait ceci :

« Aujourd’hui, le cacao ne rapporte plus assez, les producteurs et leurs familles sont pauvres, et dans 10 ans, il n’y en aura plus. »

En outre, la répartition de la valeur ajoutée sur la filière reste profondément inégale. En effet, sur une tablette de chocolat de 100 g vendue à 3 euros, le·a producteur·rice ne perçoit qu’environ 9 %, soit 27 centimes, alors que le cacao constitue 75 % des ingrédients. Certains essaient de développer des unités de transformation locales, mais manquent d’accès aux financements.

De plus, les conditions de production se dégradent à travers le vieillissement des cacaoyères, les effets du changement climatique et les aléas climatiques fréquents entraînant une baisse des rendements. Pour corroborer cet état de fait, un producteur ivoirien a dit ceci :

« J’ai 2 hectares de terre, il y a 5 ans je produisais plus d’une tonne par hectare, mais cette année, j’ai produit 400 kg par hectare. »

Les aléas climatiques quant à eux, se manifestent par l’excès de la pluviométrie, de sécheresses prolongées, de chaleur extrême qui impactent fortement les récoltes. Pour mettre en exergue cet état de fait, un producteur ghanéen a dit ceci :

 « Depuis deux ans, la saison des pluies est trop forte, l’an dernier le soleil a tué les cacaoyers. La coopérative est passée d’un volume de 800-900 tonnes à 350 tonnes ».

Cette baisse de productivité, affectant fortement les revenus des familles, pousse certain-es à exploiter de nouvelles parcelles sur la forêt, contribuant à la déforestation alors que les normes environnementales augmentent les coûts de production pour les producteur.rices.De ce fait, un producteur ghanéen a dit ceci :

« Vous, vous polluez, et nous, on en subit les conséquences. Vous avez vu nos palmiers ? »

Par ailleurs, la pression foncière s’ajoute aux difficultés économiques et climatiques. Cela se perçoit par le morcellement des terres, les restrictions environnementales ainsi que les projets industriels accaparant des hectares de terre et fragilisant encore plus les exploitations locales. Ainsi, un membre d’une OP ghanéenne s’inquiète en ces termes :

« Un grand projet pétrolier récupère de plus en plus de terres dans la région. C’était déjà difficile, mais ça va le devenir encore plus. Je ne sais pas si on pourra continuer à cultiver des noix de coco ici »

Un autre producteur ghanéen disait ceci :

« J’ai lancé une ferme de 2 hectares avec ma femme, mais nos parcelles sont trop petites pour nous dégager assez de revenu. Nous aimerions l’agrandir mais l’accès à la terre est trop difficile. »

Dans ce contexte, les producteur-rices se sentent marginalisé-es, impuissant-es face à un système où la valeur créée est largement captée par les multinationales et les gouvernements, alors qu’ils restent les maillons les plus vulnérables de la chaîne.